vendredi, octobre 31, 2008

être parents



Je vous épargne les photos du Jour J de l'accident. Trop affreux.
Là, il est certes coloré et balafré mon petit bonhomme mais, au moins, il n'est plus enflé et ressemble bien moins à un boxeur.
alors voilà, voulant jouer à Spiderman, Martin a pris conscience que, non, il ne savait pas voler et que, oui, quand il s'élançait, il retombait très fort. Parfois, par chance, il retombe à un endroit sans danger. Parfois, il retombe sur un meuble en bois bien dur et on entend un gros bruit sourd et on voit jaillir le sang de la joue, de l'oeil et on a peur.
Inutile de vous dire que lui s'en remet très bien. Il a hâte de coller sa photo d'hôpital dans son cahier de vie pour l'école afin de pouvoir fanfaronner auprès des copains: et moi j'ai été à l'hôpital, et moi, on m'a recousu et moi, maman m'a dit que j'ai été super courageux etc....
Inutile de vous dire que ça ne lui a pas du tout servi de leçon car il est de nouveau constamment perché sur des objets incroyables; il est de nouveau en train de courir, sauter, escalader, grimper partout. Il a tout de même une petite pensée pour sa mère affolée et lui dit gentiment "Ne t'inquiète pas , maman, c'est pas dangereux, maintenant, je SAIS voler".
Bref, je pense que cette première frayeur n'est que la première et que Pedro et moi risquons fortement d'être confrontés à d'autres péripéties du même ordre.
Et , ça me terrorise.
Car être parents, c'est magnifique ,c'est formidable mais c'est aussi une source d'angoisse incommensurable.
On ne pourra pas être derrière nos enfants en permanence et, même quand on est là, les catastrophes peuvent se produire sans qu'on ait le temps de comprendre, de réagir (j'étais 1 mètre derrière Martin quand il a chuté)
Et c'est terrible de constater que nos petits sont vulnérables.
J'ai compris que si la blessure de Martin m'a autant affectée, si cela m'a empêchée de dormir durant quelques nuits, c'est à cause de ce sentiment. Face à sa petite bouille amochée, j'ai été percutée par mon impuissance. Quoi que je fasse, et même en tentant d'être la mère la plus prévenante possible, je ne pourrais empêcher mes enfants de se blesser, de souffrir.
et ce précipice devant lequel nous nous trouvons en tant que parents, ce vertige du possible, de l'accident potentiel, du danger qui les entoure me terrifie.
il faut vivre avec, dit-on, sinon, on ne vit plus. Mais j'ai mal à l'idée de ne pouvoir les protéger de tout; j'ai mal à l'idée de ne pouvoir leur construire une bulle de coton les enveloppant en toutes circonstances; j'ai mal à l'idée qu'ils vont devoir se construire aussi avec des douleurs, avec de la tristesse, avec de l'inquiètude.
J'aimerais tellement qu'ils puissent vivre au pays des bisounours, j'aimerais tellement qu'ils ne sachent jamais ce que souffrir signifie. Et c'est impossible. Et ce sentiment est un vertige avec lequel il nous faudra vivre durant toute notre vie de parent.

Désolée, j'aurais pu écrire un billet plus drôle sur la transformation de mon fiston en Albator mais, je n'en suis pas encore totalement remise!

mercredi, octobre 15, 2008

salsa du démon

Martin a définitivement pris sa revanche sur sa soeur.
Cela faiait trois ans qu'on nous bassinait sur la différence de caractère entre nos deux enfants: l'une était une diablesse,l'autre un vrai petit ange, une crème, un bonheur de douceur et de tendresse.

Cette période est révolue.
L'ange s'est peu à peu transformé en diablotin et sa mère est obligée d'endosser le costume de Carabosse pour tenter de le discipliner un peu.
D'abord, l'école, ça a des avantages , certes , mais aussi quelques petits inconvénients.
Car les garçons y apprennent très vite à donner des coups de pieds, des coups de poing et c'est trop la TE-HON si on joue les gentils. Oui, même à trois ans.
Alors, Martin s'est endurci et se transforme en canaille et sauvageon.

Je pensais que les soucis modesques ne touchaient que les petites filles et qu'avec Martin, je serai relativement tranquille.
Que nenni.
Un garçon, à trois ans, et bien que Mardi gras soit encore loin, se doit d'être spiderman accessoirisé: le slip, les baskets, les chaussettes,le jean, le polo: tout doit être estampillé spiderman.
C'est pénible pour deux raisons:
1/ D'abord parce que cela occasionne des crises monumentales et insupportables le matin à 8h17: "non maman, tu t'es trompée, je veux mon slip spider"
"il est dans le lave-linge Martin, aujourd'hui, on va mettre le slip Bob the Builder, il est chouette aussi."
"non, il est trop nul" (soit dit en passant, l'école apprend aussi de bien jolis mots)
bref: THE crise à cause d'un homme/arraignée tout à fait improbable et vraiment ridicule dans son truc moulant .
Ce qui me permet d'arriver au point numéro 2
2/ la mode spiderman est pénible car ....c'est moche. et j'en ai un peu assez de voir mon fils affublé de bleu et de rouge à toutes les sauces.

Mais, en dehors de l'école, Martin a réussi tout seul comme un grand à devenir une petite terreur. Il s'applique avec une précision dantesque à refuser, contredire absolument tout ce que je lui demande. Dans les moindres détails :
"Martin,monte dans la voiture, on est en retard (oui, c'est un credo, un leitmotiv chez nous)"
"non, je cours un peu dans le jardin pour mes muscles (super important ça aussi chez un mâle de 3 piges: la force, les muscles, la sportivité...)"
Il daigne monter dans la voiture...
"non, Martin, tu ne vas pas devant, assieds-toi sur ton siège"
"non, c'est moi le garçon, c'est moi qui conduis"
"Martin, maman va se fâcher très fort, tu m'obéis maintenant et tu vas t'asseoir sagement comme ta soeur (oui, je sais, c'est indigne ce comparatif entre enfants..;mais il est 8h25, bordel)
"ma soeur, elle est nulle c'est une fille (sans commentaire)"
il finit par aller s'asseoir, Alleluiah, nous voilà sur le chemin de l'école. Lisa va pouvoir être à l'heure en classe.
Martin...pas sûr.
Car, comme désormais tous les matins, pendant que j'embrassais sa soeur et que je lui souhaitais une bonne journée, mon mini Faust s'est esquivé et a décidé qu'à 8h33, c'était l'heure idéale pour jouer à cache-cache dans le grand parc arboré et labyrintesque de la mairie.
tous les matins donc, nouvelle coutume de la famille: je perds mon fils.
Tous les matins, je le retrouve , hilare, caché dans un bosquet quelconque.
Je me fâche, il pleurniche.
Et puis, face à ses copains qui l'observent, il reprend le dessus et me lâche un "de toute façon, c'est moi le plus fort, c'est moi le chef "

Il m'épuise.

lundi, octobre 13, 2008

I had a dream

Cetre nuit, j'ai rêvé.
C'est déjà assez exceptionnel car, d'une part, lorsque cela m'arrive je ne me souviens généralement de rien.
Mais, par ailleurs, cela m'arrive peu ces temps-ci car pour pouvoir rêver, il faut dormir. Or, je ne dors pas ou très peu.

Mais cette nuit,allez savoir pourquoi, number3 m'a laissé passer une nuit relativement tranquille. et j'avais retrouvé mon ours protecteur à mes côtés. J'ai donc dormi comme un bébé et j'ai rêvé.

J'ai rêvé de cette famille que nous créons Pedro et moi. J'ai rêvé de Martin et de Lisa accueillant leur petit frère ou leur petite soeur.
J'ai rêvé de nous 5 au coin d'un feu de cheminée, s'entourant, se serrant les uns les autres; admirant, émerveillés le nouveau-né.
j'ai rêvé des deux grands fiers de s'occuper de leur petit bébé, lui faisant des papouilles et des caresses.
j'ai rêvé de leur papa les faisant rire, leur inventant des histoires folles, leur construisant des cabanes de coussins et de couettes.
j'ai rêvé de leurs regard admiratifs et malicieux.
j'ai rêvé de leurs discussions: Lisa, Martin et leur papa qui leur explique le monde, ses curiosités, ses merveilles; tout en mangeant des caramels en cachette.
J'ai rêvé que je feignais de ne pas avoir vu leur gourmandise secrète, j'ai rêve que je me sentais bien, mon nouvel amour lové contre mon sein, au chaud, collé à moi, ce nouveau petit, fragile et plein de douceur.
J'ai rêvé du regard tendre et pudique de Pedro.
Car il ne dit rien mais je sais qu'il est fier de nous, qu'il est ému de notre foyer, qu'il m'aime aussi pour ça, pour les enfants que nous avons construits ensemble.
J'ai rêvé de notre amour encore et toujours partagé après 13 ans. J'ai rêvé à ce petit miracle de la vie: cette flamme née presque par accident et qu'on a su maintenir en vie, vaille que vaille (comme dans Koh Lanta, dirait Lisa), qu'on a su transformer en énorme foyer sûr, confortable, rassurant.
J'ai rêvé de ma vie.
Car tout est déjà là: bébé se construit tout doucement au creux de moi mais il fait déjà partie de nous.
les enfants le chatouillent, lui font des baisers et des caresses à travers mon ventre, lui parlent souvent.
Pedro ne me dit rien mais ses gestes et ses regards me montrent que ma maternité le touche, plus que les précédentes je crois; sans doute car c'est la dernière fois qu'il me voit porter son enfant.
Tout est déjà là. et je savoure avec délectation ce bonheur, cette chance d'avoir su me construire une vie si délicieuse.

mercredi, octobre 01, 2008

Il a trois ans



Ce n'est pas possible.
C'est mon grand bébé. C'est mon petit bonhomme. C'est mon nourrisson tout dodu.
Et il a déjà trois ans.
Je n'ai rien vu passer. J'ai l'impression qu'il est né hier.
Et il a trois ans.
C'est le petit garçon rêvé. Je n'aurais pu espérer mieux.
D'une tendresse incroyable avec moi et, surtout, en ce moment, avec sa soeur: il l'embrasse, la câline, pense à elle tout le temps, se marie avec elle 10 fois par jour.
Mais c'est aussi un petit mec qui a appris à l'école que le pied pouvait être très utile quand on le lançait sur le tibia d'en face; que la main pouvait laisser des traces rigolottes quand on la posait, avec élan, sur la joue d'en face.
Cela reste si rare que c'en est amusant. Et puis, il s'excuse tout de suite. Il est toujours conscient de ses erreurs et demande avidement pardon, terrorisé à l'idée que je puisse l'aimer un peu moins.
Sa maîtresse lui a déjà décerné la plame de l'élève le plus calme, le plus attentif, le plus sage de la classe.
Vous imaginez ma surprise: il passe tout de même après Lisa qui, durant ses années à l'école maternelle, m'avait habituée à de tout autre commentaire.
Il sait dessiner de jolis bonhommes rigolos.
Il adore faire des heures de simulation d'avion avec son papa: ils choisissent, complices, l'avion qu'ils vont piloter chaque samedi: le bleu, le rouge ou le blanc. Martin finit toujours par vouloir atterir sous la tour eiffel.
Il n'aime que ce qui roule ou vole et ne joue qu'aux voitures, camions, tracteurs, pelleteuses, avions, hélicoptères, fusées, charrette, autobus...C'est un garçon. J'en ai la preuve: génétiquement, les garçons veulent des trucs qui roulent et qui font vroum.
Quand il est né, Martin était entouré des poupées,barbies de sa soeur. En trois années, il a réussi à monopoliser tout l'espace de ses véhicules multiples. Les barbies se font désormais renverser, écraser, submerger par tout ce qui leur passe dessus (de motorisé, bien sûr...Ken est encore assez soft pour l'instant)
C'est un ptit coeur qi a peur du loup , qui a une imagination absolument débordante et qui s'avère être désormais (challenge réussi) plus bavard que sa soeur.
Il fait le clown tout le temps et chaque facétie me fait penser à Pedro. Comme son père, il veut faire rire, il veut amuser, il veut plaire par l'humour. Et il est déjà si drôle. C'est un petit comédien charmant.
Et facile. Tellement facile. Il a beau être dans une période "j'affirme ma virilité naissante..", il a beau vouloir jouer les petits durs costauds, il a beau vouloir me tenir tête, il a beau avoir besoin de se défouler sur sa mère après avoir été SI sage en classe..;Malgré tout cela, il est facile. Il suffit de le punir 5 minutes pour que les excuses et les câlins pleuvent et pour qu'il redevienne le petit nounours tendre et souriant qu'il est depuis sa naissance.
3ans déjà.